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SCENARIO MON FRERE YVES (EXTRAIT)

Le scénario "Mon frère Yves" adapté du roman éponyme de 
Pierre Loti est disponible. Vous pouvez joindre mon agent 
artistique Susanne Attia, à www.mediastarcom.com
Christine Grelet-Le Moigne

EXTRAIT

Un village, avec un clocher d'église géant, perdu au milieu de la lande et en arrière-plan, la mer.

 

4. VUE SUR LA PLACE DEPUIS LE CLOCHER – INT/JOUR

 

Du clocher, on voit en contrebas, la place et un groupe d'hommes et de femmes se dirigeant vers l'église. L'une des femmes porte un bébé dans les bras.

 

5.  PORCHE DE L'EGLISE – INT/JOUR

 

Sous le porche de l'église, se tient de dos un curé en soutane. Il regarde arriver le groupe d'hommes et de femmes. Sur le côté, le bedeau tient la corde de la cloche et se tient prêt à carillonner.

 

                                      LE CURE

                                      (énervé)

                                      Reste en paix, Marie Bervrac'h, pour l'amour                                         de Dieu ! Ces Kermadec sont des gens qui                                            ne donnent jamais rien à  l'offrande, et le père

                                      dépense au cabaret tout son avoir. Nous ne

                                               sonnerons pas, pour ce monde-là !

6. CHAMBRE – INT/JOUR

 

Assise dans son lit, la mère semble tendre l'oreille. Elle attend le carillon de l'église. Elle semble inquiète et regarde vers la fenêtre. Elle comprend que le carillon ne sonnera pas. Une larme coule sur sa joue.

 

7. BREST – QUARTIER RECOUVRANCE – RUE – EXT/JOUR

 

                                      « Brest, vingt-quatre ans plus tard »

 

Il pleut sur Brest. Des marins trempés sortent de l'arsenal par bandes.

Ils se dirigent vers les bars de Recouvrance. Une rafale de vent fait envoler un bonnet au pompon rouge. Le marin court pour le rattraper, le remet en l'enfonçant plus profondément. Un groupe le rejoint. Ils entrent dans un bar.

 

8. RADE DE BREST – SUR LE PONT D'UN NAVIRE – EXT/JOUR

 

Un quartier-maître donne un coup de sifflet prolongé, suivi de trilles. Des hommes s'affairent sur le pont. Une chaloupe est mise à l'eau. Le quartier-maître siffle à nouveau.


                                      LE QUARTIER-MAITRE

                                      Les permissionnaires à l'appel !

 

Un officier marinier fait l'appel.

 

                                      L'OFFICIER MARINIER

                                      217 : Le Borgne ! 218 : Kermadec ! 219 : 

                                      Morvan !

Yves Kermadec apparaît, sortant d'un des panneaux de la cale. Il se place à côté des autres qui se poussent avec respect. Il est grand, maigre et musclé. Ses yeux gris marron sont enfoncés. Ses traits sont durcis. Le maître d'équipage s'avance vers lui et lui serre la main.

Yves lui sourit. Son visage s'adoucit et paraît plus jeune. Il porte des galons de quartier-maître, un tricot rayé et un large col blanc.

 

                                      LE MAITRE D'EQUIPAGE

                                      Eh bien, Kermadec, on va les arroser,  ces

                                      galons ?


                                      YVES

                                      (hésitant)

                                      Euh, oui, Maître.

 

L'appel est terminé. Les hommes d'équipage descendent dans la chaloupe.

 

9. RADE DE BREST – SUR LE PONT D'UN NAVIRE – EXT/JOUR

 

Depuis le navire, on voit la chaloupe s'éloigner. Des marins en ciré jaune tirent sur les avirons. Les permissionnaires sont debout, serrés les uns contre les autres. Les vagues soulèvent la chaloupe. Devant eux, à travers le rideau de pluie, se dessinent Brest et son château.

 

10. BREST – RUE – EXT/JOUR

 

Yves et un groupe de marins descendent gaiement la rue. Il pleut toujours. Ils arrivent devant un bar. Sur l'enseigne, est écrit :

 

                                      « A la descente des navires »

 

Le groupe s'engouffre dans le bar.

 

 

11. BREST – BAR – INT/NUIT

 

L'intérieur du bar est sombre. Des marins et des ouvriers de l'arsenal sont installés à des petites tables. Au fond de la salle, se trouve un brasero avec du charbon qui brûle. On voit Yves assis sur une chaise près du brasero à se chauffer les mains. Il regarde les braises fixement. La patronne et une serveuse servent le vin chaud. Des marins attablés entonnent une chanson.

 

                                      LES MARINS

                                      Quinze marins sur l' bahut du mort

                                      Yop la Ho ! une bouteille de rhum

                                      A boir' et l'diable avait réglé leur sort

                                      Yop la Ho ! une bouteille de rhum…

 

 

La serveuse s'approche d'Yves un verre de vin chaud à la main. Il le regarde et fait un signe négatif de la tête. La serveuse pose le verre sur une table près de lui. On voit la vapeur du vin chaud s'échapper du verre.

 

12. BREST – RUE – EXT/JOUR

 

Le jour se lève. Des ouvriers descendent la rue se dirigeant vers l'arsenal. On entend le bruit de leurs sabots sur les pavés. Deux femmes s'approchent d'un homme avec un grand chapeau qui descend la rue. Elles le regardent de près pour voir son visage.

 

                                      LA PLUS GRANDE

                                      Non, c'est pas Jeannot. C'est pas le tien, non

                                      plus !


                                      LA PLUS PETITE

                                      I sont ptêtre déjà au travail ?

 

                                      LA PLUS GRANDE

                                      C'est pas le genre de mon Jeannot d'arriver                                         en avance. I doit encore cuver son vin queque

                                       part !


                                      LA PLUS PETITE

                                      Si on les trouve pas, ça va être encore une     

                                      journée de travail en moins.


                                      LA PLUS GRANDE

                                      Regarde, un peu celui-là.

 

La femme se penche sur un homme étendu dans le ruisseau les bras en croix. La deuxième la rejoint.

 

                                      LA PLUS GRANDE

                                      C'est pas eux.

 

La plus petite prend le gaillard par les bras et essaie de le soulever. Il est trop lourd. Elle le laisse tomber.

 

                                      LA PLUS PETITE

                                      Quel grand cadavre !

 

                                      LA PLUS GRANDE  

                                      Laisse tomber ! C'est un marin. Les

                                      gendarmes maritimes le ramasseront.


Les deux femmes s'éloignent. Le soleil se lève au-dessus des maisons. Un groupe de marins surgit d'une rue. Ils s'approchent du corps.

 

                                      UN MARIN

                                      C'est Kermadec !

 

On voit le visage exsangue d'Yves sans connaissance.

 

13. NAVIRE LE CATINAT – CALE - INT/JOUR

 

On voit le visage d'Yves. Il est endormi. Il cligne les yeux, les ouvre et regarde autour de lui. Il est allongé sur une paillasse. Il se relève à demi. Un de ses pieds est entravé par un fer. Il le regarde et soupire.

 

                                      BARRADA

                                      (avec un accent bordelais)

                                      Alors, tu te réveilles !

 

Un marin avec un tricot rayé collé à la peau est debout devant lui. La cale est sombre. Yves le reconnaît et lève les yeux vers lui.

 

                                      YVES

                                      Il le sait ?

 

                                      BARRADA

                                      (avec sa gouaillerie de gascon)

                                      Té ! S'il le sait ! Il est descendu trois fois et  

                                       même il a mené le docteur ici pour te voir ;

                                       tu étais raide, tu leur as fait peur. Et je suis de                                        faction ici, moi, pour le prévenir si tu bouges.

                           

                                      YVES

                                      (d'un ton décidé)

                                      Et pourquoi faire ? Je n'ai pas besoin qu'il                                         revienne, ni lui ni personne.  N'y va pas,

                                      Barrada, entends-tu bien, je te le défends ! …                                       C'qu'il veut, j'peux pas… C'est un vice !                                         Quand on tombe dedans, après on peut plus  …                                 ou faut plus descendre à terre.

De rage, il tord ses bras musculeux qui craquent. Ses traits se durcissent. Il retombe sur sa couche.

 

                                      YVES

                                      Ma pauvre mère ! Trois ans déjà !... Et elle est                                       là si près… J'pourrais pas la voir. Quelle   

                                                misère !



16/03/2006
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